07 Mai Édito et FIP du dimanche 11 mai 2025

4e Dimanche de Pâques

ÉCOUTEZ : IL PARLE !
 
 

Une expérience que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître est de rencontrer une personne perdue de vue depuis des lustres : son corps est transformé, son visage est marqué, mais voilà sa voix. Le timbre, bien sûr, mais aussi la diction avec ses pleins et ses déliés, les  accents de phrase et la musique verbale : c’est tout elle. Quelle émotion quand, perdue dans la rumeur confuse d’un lieu fréquenté, une parole nous atteint soudain dont le son nous saisit avant que le sens soit perçu et l’émetteur reconnu.

Il semble que le Christ ressuscité ne soit guère reconnaissable à son apparence par ses disciples. Aisément pris par eux pour le jardinier, pour un fantôme ou pour un compagnon de rencontre sur la route, il ne se découvre qu’aux signes où se discernent ses dons du temps où il était avec eux. Mais, surtout, leur cœur s’éveille à sa voix : le nom « Marie » suffit pour que Madeleine s’illumine, le signe du filet plein suivant la parole qui commandait de le jeter ravit le disciple bien-aimé, « C’est le Seigneur ! »

Aujourd’hui, le Christ nous dit pourquoi : « Mes brebis écoutent ma voix ». Ce n’est pas la sincérité qui fait la garantie de justesse des affirmations : nous sommes tellement portés à croire ce que nous avons envie de croire, et à repousser ce qu’il nous gênerait de reconnaître ! Voyez les criminels, avec quelle conviction ils se dérobent de toutes les façons à la vérité qui les confondrait. Pourtant, jamais ne s’éteint dans notre conscience le sens qui nous permet de reconnaître le Seigneur à sa voix.

Comment, dans le brouhaha des communications bruyantes, des sollicitations intrusives et des paroles vaines, la parole de vérité ne serait-elle pas inaudible ? Pourtant, s’il est vrai que nous ne sommes pas abandonnés, jamais celui qui s’efforce d’entendre ce que l’Esprit dit aux disciples, ne sera déçu. Il reste toujours une place libre dans une âme   humaine pour qu’en s’y réfugiant le chercheur de Dieu puisse l’y trouver. Par mille médiations le Seigneur parle. Si seulement nous l’écoutons.

Père Marc Lambret